Il s’agit d’une source cylindrique, comme l’on peut en rencontrer à Plaud, Lafond ou au Mas. Elle a perdu une partie de sa partie supérieure, remplacée par un linteau en granite. Aménagée très près du niveau du sol, l’aménagement de cette source semble avoir été réalisé pour la consommation animale, même si elle fut utilisée pour la consommation humaine.

Également appelée parfois fontaine du pont Sainte Elisabeth, elle est située non loin d’un ensemble de parcelles dénommées Bonnefont, toponyme encore conservé dans la dénomination actuelle de la place toute proche (orthographiée aujourd’hui Bonnefond), et présente depuis au moins la moitié du 18e siècle (sur l’Estat des Fonds de 1744) pour huit parcelles de terrain situées en bordure du grand chemin de Limoges à Angoulême (actuel faubourg Liebknecht). Cette implantation, non loin d’un carrefour important, de passages à gué sur les deux rivières et d’une léproserie, suppose une présence bien plus ancienne, sans pour autant que la source ne soit visible sur l’Estat topographique du chanoine Collin de 1655.

Le toponyme Bonnefont laisserait également soupçonner une utilisation dans le cadre d’une croyance populaire, ce qui n’a pu encore être confirmé. Il pourrait également évoquer simplement la qualité de l’eau, qualité appréciée très différemment au fil du temps. Si le congrès de la société scientifique du Limousin, qui se rend à Saint-Junien en juin 1886 y fait une halte au retour de la vallée de la Glane pour y déguster une eau décrite comme ferrugineuse, le docteur de Saint-Florent la soupçonnait en 1912 d’être responsable de l’épidémie de fièvre typhoïdique qui sévissait alors au bas du faubourg Saler (actuel Liebknecht).

En 1938, les co-propriétaires de la fontaine demandent à la commune de financer une partie des travaux de propreté et d’assainissement qu’ils ont entrepris, au regard du caractère d’intérêt général. Le conseil municipal répond favorablement à la demande lors de sa séance du 29 janvier 1938 en octroyant un financement de 330 francs.

Dans les années 1950, avec la mise en service du barrage (1952) et la généralisation de la distribution d’eau potable, les fontaines et sources publiques sont progressivement fermées, principalement pour des raisons sanitaires, et tombent dans l’oubli. En 2021, la source du Bas-Moulin a fait l’objet de travaux de restauration et de sécurisation. Les maçonneries ont été reprises et une grille fermant à l’aide d’un cadenas a été installée.

 

 

Bibliographie

Estat des fonds de 1744, Archives municipales de Saint-Junien, CC2, articles 1625 à 1632, toponyme Bonnefont
Eaux potables (1837-1956), Archives municipales de Saint-Junien, 5J19
Sources et fontaines publiques, Archives municipales de Saint-Junien, 2017
Délibération du conseil municipal en date du 29 janvier 1938, Archives municipales de Saint-Junien 1D10, page 240
Abeille du 6 juin 1886