D’une hauteur totale de 3,40 mètres, la croix de Baronneau est composée de trois parties :

  • un socle en pierre de Volvic,
  • un piédestal en grès monolithe dont seule la face ouest est gravée
  • une partie supérieure en ciment imitant le tronc d’un arbre (spécialité d’un cimentier local, très présente dans les cimetières environnants).

L’inscription sur la face ouest indique SALUT O CROIX, notre unique espérance, ainsi que la date 1896 et les initiales M.B.C. De multiples graffitis ont été gravés au fil du temps, certains par des poilus de la première guerre mondiale.

Elle est située sur une parcelle autrefois dénommée Las Boissas, qui appartient à la commune depuis 1980. Son emprise, de part et d’autre de la route de Saint-Brice, permet également d’y accueillir un parcours de pêche.

Comme l’atteste l’inscription de la face ouest, la croix a été érigée en 1896 par Marc Barbou des Courrières, en limite de sa propriété de Baronneau, à l’embranchement entre l’ancien chemin qui y conduit et la route de Saint-Brice. Ce chemin, encore présent sur le cadastre de la commune en 1970, n’existe plus aujourd’hui et cette croix, aujourd’hui coincée entre la route et la voie ferrée, était bien autrefois une croix de carrefour. François Bourgoin, dans son livre Les Antitout l’évoque : dans ses souvenirs d’enfant, il y allait jouer au soldat.

Issu d’une grande famille d’imprimeurs limougeauds, Marc Barbou des Courrières y avait installé son Cabaret de la Pomme de Pin, du nom du cabaret parisien à la fois lieu de culture mais aussi lieu de débauche, et y recevait régulièrement ses amis, hommes de lettres et bourgeois locaux.

Cette croix fut renversée et brisée dans la nuit du 4 au 5 décembre 1904, après les heurts entre grévistes papetiers et forces de l’ordre à l’usine du Bouchet à Saint-Brice.
Le lendemain son propriétaire écrit au maire de Saint-Junien afin de lui réclamer une indemnité de 250 francs, pour la restauration complète et intégrale du petit monument (Voir Abeille du 10 décembre 1904 et liasse AMSJ, 2J13). Vraisemblablement et comme l’indique l’annotation sur sa lettre, il n’a pas été donné suite à sa demande.

La restauration explique cette différence de matière entre la partie supérieure et son socle et ses proportions maladroites. La croix initiale devait être façonnée dans un unique bloc de grès.

 

Bibliographie

Abeille de Saint-Junien du 10 décembre 1904Version texte
Courrier de Marc Barbou des Courrières en date du 5 décembre 1904, Archives municipales de Saint-Junien, 2J 13
Délibération du conseil municipal du 22 février 1980 (1D19)
Les Antitout, de l’éveil de l’industrie à la naissance douloureuse du syndicalisme, Jean BOURGOIN, ré-édition par « Les Monédières » avec texte introductif par Vincent Brousse et Dominique Danthieux, 2005, page 250.
Le chercheur d’or n°80 (dans la nouvelle abeille du 7 janvier 2021), Une croix mystérieuse oubliée, perdue dans les broussailles article de Jean-René Pascaud