Le patrimoine artisanal s’articule essentiellement autour du travail du cuir et de la fabrication du gant de peau. Depuis le XIe siècle, on fabrique des gants à Saint-Junien !

Côté industrie, c’est le papier carton qui s’installe dès le XVIe siècle grâce à l’utilisation des moulins sur la Glane et la Vienne.
De cette activité industrielle et artisanale naîtra l’histoire sociale de la ville avec la création de l’Union sociale ouvrière.

LE CUIR ET LES GANTS DE PEAU

C’est dans la qualité des eaux de la Vienne et de la Glane, exemptes de calcaire et dans sa situation au cœur d’un important bassin d’élevage que la ville a trouvé les sources de sa vocation industrielle : le travail du cuir.

La tradition fait remonter au XIe ou XIIe siècle la naissance de l’activité gantière à Saint-Junien. Quoi qu’il en soit, dès la fin du XVIIe la ganterie est la principale activité de la ville. Jusqu’au milieu du XXe siècle, mises à part quelques courtes périodes de récession, mégisseries et ganteries ne vont cesser d’accroître leur production.

Cette activité florissante fera de Saint-Junien, la capitale du gant de luxe qu’elle reste aujourd’hui. A la fin des années trente, la ville compte 11 400 habitants et l’industrie du cuir est le plus gros employeur.

LE PAPIER CARTON

Présents en Limousin dès le XVIe siècle, les moulins à papier sont à l’origine de la seconde industrie phare de la région de Saint-Junien : le papier carton. En 1730, on ne compte pourtant que trois papeteries à bras dans le secteur. L’invention de la machine à papier aura raison de ce mode de production et les moulins cessent leurs activités.

A partir de 1850, la papeterie limousine se modernise. En 1860, l’arrondissement compte huit papeteries dont six sur la Vienne et la Glane. Vers 1890 les deux cantons de Saint-Junien en comptent treize. La crise de 1896 en élimine plusieurs.

L’activité papetière connaît un tournant de son histoire en 1898 avec la création de la Société Générale des Papeteries du Limousin. En 1905, elle regroupe les trois quarts de la production papetière du Limousin. Elle domine le marché du papier de paille et du carton pour l’ondulé jusqu’aux années trente.
Dans les années soixante-dix, elle concentre ses activités sur l’usine de Saillat-sur-Vienne. Elle est, depuis, gérée par le groupe irlandais Smurfit.

A Saint-Junien, on compte encore aujourd’hui 9 entreprises qui travaillent dans le papier carton. Elles emploient près de 500 salariés. Il faut y ajouter le secteur de l’imprimerie, issu de cette industrie.

Autre héritière directe de ce secteur, la société COFPA du groupe Albany International, fabrique des toiles techniques pour la papeterie et surtout depuis quelques années pour l’industrie des non-tissés.

L’UNION SYNDICALE OUVRIÈRE

Industrieuse, Saint-Junien trouve naturellement dans le monde ouvrier le creuset de son histoire sociale et politique. C’est d’ailleurs au cœur d’un conflit social que naît en 1902 l’Union syndicale ouvrière.

L’USO a façonné la ville dans ses structures sociales, associatives et politiques, dans sa vie culturelle et sportive. Elle est à l’origine du mouvement coopératif et mutualiste qui imprègne encore fortement la vie de la cité.

INVENTAIRE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL

Le service régional de l’Inventaire s’est penché depuis plusieurs années sur le patrimoine industriel de la cité gantière, afin d’en dresser un portrait scientifique.
Concrètement, il s’agit d’un travail minutieux de recensement et d’étude, conduit par un chargé d’inventaire accompagné par un photographe, et complété par les données historiques disponibles aux archives municipales et départementales.
Usines, moulins, machines qui sont parvenus jusqu’à nous bénéficient dès lors d’une fiche descriptive détaillée.

Cet inventaire, qui constitue un outil de connaissance précieux de ce patrimoine est désormais accessible à tous et consultable en ligne sur le site inventaire.nouvelle-aquitaine.fr.
C’est une formidable mise en lumière de la richesse patrimoniale de notre territoire.